LETTRE
de GEORGE SAND
à CHOPIN
sur l’INVASION EOLIENNE
EN BERRY
Cher Ami,
J’apprends avec stupéfaction que des géants monstrueux s’apprêtent à
envahir notre belle région du Berry pour saccager nos paysages et dévaster nos
prairies et nos champs.
Ces moulins métalliques portant le nom « d’éoliennes » n’ont
rien à voir avec ceux qui chantent au bord de l’eau. Ceux-là n’ont rien de
poétique et encore moins de romantique.
Ils font partie de la race des
envahisseurs qui broient tout sur leur passage, ne respectant ni les habitants,
ni les monuments et encore moins ces lieux de « paradis sauvage »
comme on en trouve dans notre belle région. Accrochés au sol comme des sangsues
immondes, ces nouveaux envahisseurs saturent notre horizon, se rapprochant
inexorablement de nos paisibles bocages et de nos belles vallées.
D’ores et déjà, des villages sont encerclés comme au temps de la Guerre
de Cent ans.
A
l’Ouest, venant du BLANC, ces monstres à pales avancent à grandes enjambées en
direction de Saint Benoît du Sault, Vigoux et Argenton sur Creuse, rappelant en
cela les sinistres chevauchées des armées du Prince Noir.
Du
Sud, menaçant l’ancienne frontière de la Creuse, ils s’apprêtent comme au temps
des Grandes Compagnies avec leurs énormes catapultes, à investir Lourdoueix
Saint Michel, Measnes, Orsennes et Montchevrier.
Au Nord, nouvelle vision d’effroi ! La Champagne berrichonne, terre céréalière
par excellence est envahie et rien ne semble pouvoir les arrêter. Le sol est
transformé en une forêt de pales, ponctuée de lumières scintillantes qui
bougent sans discontinuer. Les troupes ennemies se dirigent désormais vers
Arthon, Buxières d’Aillac et Cluis.
A l’Est, même constat ! Les Ecorcheurs et autres rapaces de toutes
espèces, descendant du terrible Rodrigue de VILLANDRANDO, avancent
sournoisement sur Saint Août, Montlevicq et Saint Chartier pour saccager ce
doux pays, si cher à mon cœur.
Adieu veaux, vaches, moutons et
autres animaux d’élevage perturbés par ces multiples ondes infernales qui
ne ressemblent en rien à une douce mélodie !
Adieu, oiseaux migrateurs, hachés menu par les pales gigantesques !
Croyez-vous que des peintres, tels que MONET, GUILLAUMIN, PICABIA ou tant d’autres moins connus
voudront installer leur chevalet pour reproduire des forêts d’éoliennes !
Croyez-vous que des écrivains comme tous ceux qui sont venus jadis à
NOHANT, viendront séjourner au milieu de tous ces pylônes pour trouver
l’inspiration propice à l’écriture de leur prochain roman !
Croyez-vous que nos compositeurs préférés, tels que LISZT, SCHUBERT ou
vous-même,viendront composer leurs sonates ou leurs concertos dans un tel
environnement !
NON, NON et NON ! Mille fois NON !
Y-a-t-il en ce jour des DON QUICHOTTE, des du GUESCLIN ou de nouvelles
JEANNE d’ARC pour arrêter ce flot incohérent qui, sous prétexte de transition
énergétique, déferle sur nos campagnes ?
Si oui, rejoignons-les, renforçons leurs rangs et faisons face à
l’invasion éolienne en leur disant MERCI, car ils sont notre seul salut !
Alors OUI ! Rendons-nous à DEOLS le VENDREDI 24
AVRIL à
18 h
En attendant, restons-en à nos bonnes vieilles cheminées d’antan qui
nous chauffent mieux que ne le feraient ces monstres à sang froid. Leur énergie
est, paraît-il, intermittente, mais leurs dommages à l’environnement naturel du
Berry est, hélas permanent.
Adieu cher Ami, vous êtes toujours près de
moi, en pensées