Modes et adaptation sociale... Voici le portrait de la femme d'un vigneron-jardinier du quartier Saint-Paterne à Issoudun, réalisé entre 1865 et 1867 (cliché Jérôme photographe à Issoudun, collection particulière). Alors... Mode des villes ou mode des champs ? Les deux mon capitaine ! Elles ne sont en rien antinomiques. En effet, habillée pour paraître et tenir son rang, cette dame porte toujours la coiffe à oreilles en usage chez les femmes du petit peuple dans le pays d'Issoudun jusqu'aux années 1870-1880 (pour les femmes les plus âgées). La coiffe ne laisse, comme il se doit à l'époque, paraître qu'un petit peu de la coiffure en bandeaux à la mode du Second Empire. La forme de sa robe suit les canons de son temps (coupe des manches et du corsage, fronces, hauteur de la taille, sous-manches appelées engageantes dont les poignets sont visibles au bas des manches...). De même pour l'allure générale. Si cette habitante de la basse-ville issoldunoise ne porte pas les crinolines des dames de la bonne société, la forme et l'ampleur de la jupe et l'empilement et l'agencement de jupons sur lequel elle est portée reproduit la silhouette à la mode du moment. De même, cette femme a délaissé le mouchoir de col des générations précédentes. L'encolure de sa robe s'orne d'un col plus ou moins ouvragé en tissu de coton, auquel s'ajoute un tour de cou sans doute en mousseline ou en linon. Le fait de se faire tirer le portrait est aussi révélateur. Dès 1865, même dans les milieux populaires, il est possible de poser pour la postérité. Le développement technique croissant permet la multiplication des photographes, même dans les petites villes ou les gros bourgs. Ceux-ci vont offrir de plus en plus, à l'occasion des temps calendaires populaires forts (fêtes patronales, foires...), à tout un chacun, le moyen abordable de fixer son image pour la postérité.
